Journaliste, relieuse d’art, photographe, Anita Conti, née Caracotchian, est, aujourd’hui, une référence dans le monde de l’océanographie. Elle s’est fait une place dans un monde d’hommes pour devenir dans les années 1940, la première femme océanographe française
Un grand amour pour les océans

Les marins la surnommaient “la dame de la mer”. Il y a 120 ans Anita Conti voyait le jour à Ermont. Bien avant de s’embarquer et de prendre le large, Anita Conti publiait des articles pour Le Figaro, L’Illustration, La République. Elle a participé ensuite à des campagnes du Golfe de Gascogne à Terre-Neuve, accompagnant les marins dans leur vie quotidienne.
Anita Conti a toujours été attirée par la mer qu’elle a continué à parcourir jusqu’à la fin de sa vie. C’est à ce moment-là qu’Edouard le Danois la repère en lisant l’une de ses enquêtes sur l’insalubrité des parcs à huîtres français. Directeur de l’Office scientifique et technique des pêches maritimes OSTPM, il fait alors construire le premier navire océanographique français et lui demande de partir en mer ce qu’elle accepte sans hésiter.
Elle est ainsi la première femme à embarquer sur cet immense bateau nommé Président Théodore Tissier. Elle apprend le métier d’océanographe sans véritablement le vouloir. C’est là qu’elle commence à prendre des clichés et on les compte par milliers aujourd’hui, placés sous la garde attentive de son fils adoptif, Laurent. N’oublions pas qu’il est difficile de prendre de telles photos en raison des mouvements des bateaux !
Un travail essentiel et engagé
Anita Conti n’est pas seulement connue comme la première femme océanographe française. Elle l’est aussi par les travaux essentiels qu’elle a effectués. Anita Conti a également rédigé plusieurs livres poignants sur la vie des pêcheurs et sur les dangers qui menace l’océan.
Le premier est, sans nul doute, le Journal de bord du “Viking” dans lequel elle relate la vie des pêcheurs à Terre-Neuve avec lesquels elle a embarqué en 1939. Elle dénonce, d’ores et déjà, les dangers de la surexploitation des océans. Durant cette campagne au-dessus du 75e parallèle, elle a également entrepris un travail de cartographie des zones de pêches. C’était une première car aucune carte de cet espace n’existait alors.

En 1952, elle embarque à nouveau pour Terre-Neuve à bord du chalutier Bois-Rosé. Malgré le profond respect qu’elle voue aux terre-neuvas, elle continue de déplorer les techniques de pêches abimant les fonds marins ainsi que le gaspillage.
Les poissons morts rejetés dans l’eau la scandalisent. Bien avant le commandant Cousteau, Anita Conti tente de réveiller les consciences sur les conséquences désastreuses que la pêche entraîne…. Déjà, un écho aux impacts de la pêche industrielle auxquels les pays font face aujourd’hui pour préserver la richesse halieutique !
De son expérience en Afrique durant la Seconde guerre mondiale, Anita Conti en tire Géants des mers chaudes. Certes, elle a participé au ravitaillement des troupes françaises sur le continent noir, mais elle y est retournée par la suite, pendant dix ans, afin d’approfondir cette expérience. Elle établit des cartes de pêches des côtes africaines entre le Sénégal et la Côte d’Ivoire qui ont permis de sauver les populations de la famine.
Jusqu’à sa mort, en 1997, Anita Conti n’aura cessé de parler de la mer avec des mots et des images qui forcent l’admiration.