La pollution n’épargne rien, elle s’étend partout. Même le monde presque inaccessible des profondeurs sous marines est victime de la pollution. Une équipe de chercheurs en écologie marine ont découvert la présence de pollution dans les profondeurs des océans. La revue Nature Ecology vient de le révéler le 13 janvier. Les scientifiques ont sondé, à l’aide d’un robot sous-marin équipé de nasses, deux fosses profondes :
- – La fosse de Marianne, située dans l’océan Pacifique, entre l’Australie et le Japon, d’une profondeur de 10.994 mètres.
- – La fosse de Kermadec, au nord de la nouvelle Zélande, qui descend jusqu’à 10 050 mètres.
Une contamination intense
Alan Jamieson chercheur en écologie de l’Institut des sciences biologiques et environnementales de l’université d’Aberdeen en Ecosse, et son équipe ont remonté des amphipodes, petits crustacés qui ne mesurent qu’un centimètre. En analysant leur organisme, ils y ont découvert un taux impressionnant de substances toxiques, interdites depuis la fin des années 1970 en raison de leur toxicité, les PCB et les PBDE. Les premières servaient d’isolant dans les transformateurs, et les secondes à ignifuger le plastique et les textiles.
Toutes les espèces étudiées, sans exception, étaient contaminées et le taux de ces substances laisse pantois ! La teneur en PCB est 50 fois supérieur à celle mesurée auprès des crustacés vivant dans le fleuve Liao, qui est l’environnement aquatique le plus pollué de Chine.
La présence de ces polluants dans des endroits les plus profonds du monde ne surprend pas les scientifiques, l’industrie a fourni 1.3 million de tonnes de PCB, et comme ils l’expliquent « ces polluants sont invulnérables à la dégradation naturelle et persistent dans l’environnement pendant des décennies. »
La responsabilité du plastique
Certains pourront mettre en avant le fait que de nombreux projets de dépollutions des océans sont en cours. On pourrait citer le fantastique projet Ocean Cleanup de Boyan Slat. Cependant, la plupart des solutions proposées ne solutionne que le problème en surface. Autrement dit, bien que certains projet lancées récemment permettront, dans les années à venir, de résoudre le problème des continents de plastiques, la question de la pollution des fonds océanique reste entière et sans solution à l’heure actuelle.
Mais comment ces substances, qui infiltrent la chaîne alimentaire, ont-elles pu contaminer les profondeurs sous marines ? Les responsables seraient les débris plastiques et les cadavres d’animaux qui coulent dans les fonds marins, et dont se nourrissent les amphipodes, véritables éboueurs des océans. Ces petites puces d’eau sont à leur tour dévorées, et c’est ainsi que la pollution touche toute la chaîne alimentaire des profondeurs sous marines. Les plastiques qui flottent à la surface contaminent donc jusqu’aux profondeurs des océans. Les plastiques sont partout, en particulier les microparticules.
Le constat sur la forte pollution des fonds marins atteste « l’impact dévastateur et à long terme que l’humanité a sur la planète » explique Alan Jamieson.
La prochaine étape pour la recherche sera de déterminer quelles seront les conséquences, à long terme, de la pollution sur la faune marine.
Mais ce que nous pouvons déjà dire c’est que les rejets de la civilisation n’en finissent pas d’empoisonner notre planète !