La carpe asiatique, poisson d’eau douce, est cultivée en Chine depuis plus de 1000 ans à des fins médicinales et alimentaires. Le terme « carpes asiatiques » réfère à un groupe de quatre espèces de carpes : la carpe à grosse tête, la carpe argentée, la carpe de roseau et la carpe noire. Elles font partie de la famille des cyprinidés, qui comprend les carpes et plusieurs variétés de vairons. Les quatre espèces se sont échappées dans les milieux naturels de l’Amérique du Nord. Trois d’entre elles y ont établi des populations autonomes, en particulier dans le réseau des voies navigables du fleuve Mississippi.
Les carpes asiatiques sont des espèces invasives
Etant herbivore, elle dévore de grandes quantité de phytoplancton. C’est pour cette raison, que dans les années 70, elle a été introduite aux Etats-Unis, pour éviter la prolifération d’algues dans les bassins piscicoles et les eaux d’égout. Elles sont voraces, elles peuvent consommer de 5 % à 20 % de leur poids chaque jour, laissant ainsi beaucoup moins de plantes microscopiques et d’espèces animales (phytoplancton et zooplancton) pour les poissons indigènes.
La carpe de roseau consomme principalement des plantes aquatiques. En quête de nourriture, elle peut perturber le fond des lacs et des rivières et détruire des terres humides précieuses. Leur quête de nourriture augmente également l’opacité de l’eau, rendant ainsi la tâche plus difficile pour les autres poissons de trouver de la nourriture. La destruction et la perte de végétation aquatique éliminent les zones de protection dont les juvéniles des espèces indigènes ont besoin pour se cacher de leurs prédateurs et réduisent également le nombre de zones de frai disponibles. N’ayant aucun prédateur naturel dans ce pays, elle s’est donc développée de façon invasive dans le bassin du Missipssipi, affamant les autres espèces et mettant en danger l’écosystème.
Durant cette même période au Canada, la carpe à grosse tête et la carpe de roseau sont importées et utilisées comme aliments vivants pour l’industrie de la pêche. Le premier danger physique provient principalement de la carpe argentée, qui a attiré de manière considérable l’attention du public sur les carpes asiatiques. Lorsqu’elle est perturbée par le bruit, comme celui du moteur d’un navire à proximité, la carpe argentée peut sauter en dehors de l’eau et parfois atteindre une hauteur de 3 mètres au-dessus de la surface. Un banc de carpes sautant hors de l’eau est un phénomène impressionnant; des vidéos en ligne montrant cette réaction sont d’ailleurs très populaires. Gare aux plaisanciers qui se trouvent sur sa trajectoire ! Puisque la carpe argentée peut peser jusqu’à 40 kg, ce comportement peut présenter un grand danger pour toute personne à la surface.
La carpe argentée et la carpe à grosse tête peuvent aussi endommager les engins et les filets de pêche en raison de leur taille importante, de la densité des bancs de poissons et de leur mouvement rigoureux.
Elles menacent aussi les revenus des pêcheurs commerciaux. Dans les Grands Lacs, on a montré que leur régime alimentaire les mettrait en compétition directe avec plusieurs espèces commerciales, comme la perchaude, le bar blanc et le corégone. Elles affecteraient aussi indirectement le doré jaune.
Lutter contre la carpe asiatique
Aucune mesure concrète n’a été prise pour le moment. Le gouvernement américain a utilisés des millions de dollars pour stopper sa prolifération, mais sans succès. Du coté du canada, le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP) cherche des moyens de prévenir la propagation de la carpe de roseau. C’est la seule des quatre espèces de carpes asiatiques dont la présence a jusqu’ici été confirmée dans le Saint-Laurent. Au Québec, le gouvernement avait d’abord annoncé une enveloppe de 1,7 million de dollars sur trois ans, et ce, en 2016. Mais tout indique que les travaux des experts du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs vont se poursuivre, notamment parce que plusieurs informations sont encore à acquérir.